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Le changement climatique est l’une des causes plausibles des contreperformances du secteur agrosylvopastoral, halieutique et faunique au Burkina Faso. La désertification, la raréfaction des pluies et la dégradation des terres cultivables en sont des manifestations. La baisse de productions découlant de ces aléas induit une situation alimentaire et nutritionnelle difficile et une pauvreté endémique. Pour renverser cette tendance, AGRA s’investit dans la promotion d’une agriculture résiliente et climato-intelligente.
Face à la baisse de la productivité agricole provoquée par les sécheresses et la dégradation des sols au Burkina Faso, AGRA a soutenu la mise en œuvre de plusieurs projets. Le projet « Promouvoir une Agriculture résiliente au changement climatique pour les systèmes de production de maïs résilients au profit des petits exploitants du Burkina Faso (FARMS – BF) » soumis par l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) avait pour objectif d’augmenter la production, la disponibilité et la demande de variétés de maïs à haut rendement, résistantes au changement climatique au profit des producteurs des régions des Hauts-Bassins et des Cascades au cours de l’année 2022.
Dans le but d’augmenter la productivité du maïs pour 20 000 petits exploitants agricoles par l’adoption de technologies améliorées et de pratiques agricoles régénératrices, le projet FARMS a appuyé l’aménagement de 20 ha de terres pour la production des semences de base, de pré-base et pour la création des hybrides. Il a développé et produit des modules de formation sur le changement climatique, ses effets sur les cultures et sur l’utilisation de semences résilientes, au profit des agents de vulgarisation, les animateurs endogènes (VBA) et les agriculteurs, outillés aux pratiques agricoles régénératrices en faveur de la chaîne de valeur du maïs. Les petits exploitants agricoles ont bénéficié de kits de semences et d’engrais.
Les parcelles de démonstration mises en place notamment sur la culture du maïs intégrant des arbres à usages multiples pour améliorer la fertilité des sols et les visites commentées ont contribué à la vulgarisation des techniques de production résilientes au climat.
Un paquet technologique innovant pour une production rentable du maïs
Le projet FARMS a formé les producteurs de sa zone d’intervention sur les techniques de production du compost à base de résidus de récolte, de déchets ménagers et le Bokashi. Il a appuyé, grâce à la fourniture d’équipements, la mise en place d’une vingtaine d’unités modernes de production de compost, permettant ainsi d’accroître l’accessibilité de fertilisants par les petits exploitants agricoles.
Dans l’optique d’accroître la capacité des ménages de petits exploitants agricoles et des systèmes agricoles à mieux se préparer et s’adapter aux chocs et au stress, les producteurs ont reçu des équipements pour la réhabilitation de leurs bassins de collecte d’eau et de ruissèlement, après avoir été formés à la collecte des eaux et à l’entretien des bassins.
Dans la dynamique du renforcement de l’accès des productions aux marchés, le Projet FARMS a outillé les producteurs bénéficiaires à la gestion des pertes post-récoltes.
« Le Projet FARMS nous a appris des techniques agricoles innovantes prenant en compte l’espacement des poquets, l’application de la fumure organique et garantissant une augmentation de la productivité du maïs », a soutenu M. Aladari Ouattara, producteur à Takalédougou- Kôkô, dans la région des Hauts-Bassins. Les producteurs ont exprimé leur satisfaction des résultats obtenus grâce à la technologie de production de maïs associée au Cajanus. « Le paquet technologique incluant le scarifiage, l’apport localisé du compost-NPK dans les sillons et l’association de la variété de maïs Kabako-Cajnus, vulgarisé dans le cadre du projet FARMS est très intéressant. Rien qu’en regardant les deux champs on voit que la différence est nette. Il y a dix jours d’écart de semis entre les deux cultures. En regardant vous penserez que c’est le test qui a été mis en premier pourtant ce n’est pas le cas. J’ai semé l’hybride KOMSAYA premièrement. Il a bénéficié des mêmes apports en fertilisants que le test, excepté l’association avec le Cajanus et le fait que l’apport compost-NPK n’a pas été fait au même moment. En plus l’apport compost n’a pas été localisé. Cependant la physionomie de la variété KABAKO se présente très bien par rapport à l’hybride KOMSAYA et les feuilles sont bien vertes », a témoigné M. OUATTARA Mory, l’un des animateurs endogènes (VBAs) formés dans la commune de Péni, dans la province du Houet.
Une approche agro-forestière au service de la sécurité alimentaire
Dans la lignée des initiatives d’adaptation de l’agriculture aux effets du changement climatique, financées par AGRA, figure le Projet Approche agro-forestière pour soutenir la résilience des petits producteurs au Burkina Faso (ProRes), exécuté par Tree Aid, avec pour objectif de renforcer la résilience au changement climatique, d’améliorer la sécurité alimentaire de 210 000 petits exploitants agricoles et d’augmenter les revenus de 40 000 petits agriculteurs dans les régions des Hauts-Bassins, des Cascades, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Ouest.
Selon le Directeur pays de l’AGRA au Burkina Faso, M. Jules SOME, ce projet est mis en œuvre en vue d’aider les producteurs à intensifier la production, en réduisant l’impact de la dégradation des ressources naturelles sur la productivité agricole.
Pour l’augmentation de la productivité du maïs, du sorgho, du riz et du niébé, le Projet a renforcé les capacités opérationnelles de six (06) compagnies semencières aux techniques de production et de vulgarisation des semences hybrides. Les actions de vulgarisation agricole ont également consisté à la mise en place de cinquante (50) parcelles de démonstration et de vingt (20) champs de production. Un fort volume de semences certifiées et de semences de base a été produit. Pour une meilleure gestion de la fertilité des sols, le Projet a soutenu les coopératives agricoles à produire plus de 1000 tonnes de compost, 100 m3 engrais liquide. Il a également contribué à l’utilisation des engrais organiques par 60 000 producteurs agricoles.
Les visites commentées sur les pratiques agricoles résilientes et adaptées au climat, y compris le système de riziculture intensif, ont touché environ 150 000 producteurs.
Dans le souci de renforcer l’accès des petits exploitants agricoles et de leurs coopératives au financement et aux marchés, le ProRes s’est employé à développer l’agriculture contractuelle, avec la mise en relation d’affaires entre les acteurs des chaînes de valeur agricoles, ayant abouti à la signature de contrats d’achat de la production et à la mise à disposition des producteurs d’intrants agricoles estimés à environ 840 millions de francs CFA. Engagé à accroitre et diversifier les revenus et à renforcer la situation nutritionnelle de 1300 femmes et jeunes, le Projet a procédé à la formation des bénéficiaires à la production et à l’utilisation du compost et du biochar, ainsi que la mise en place d’unités modernes de fabrication de compost.
L’entrepreneuriat agro-forestier pour la prospérité au profit des femmes et des jeunes ruraux
En sus, AGRA et Tree Aid conduisent le Projet pour la chaîne de valeurs et le développement des entreprises (PRO-ADAPT / AGRA) en vue de promouvoir les produits forestiers non ligneux (PFNL) pour augmenter les revenus et améliorer la sécurité alimentaire et la résilience au changement climatique des petits exploitants agricoles dans les régions des Hauts-Bassins, des Cascades, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Ouest. Spécifiquement, dans l’intention d’accroitre la capacité des ménages de petits exploitants agricoles et des systèmes agricoles à mieux se préparer et à s’adapter aux chocs et aux stress, PROADAPT accompagne la plantation de 20 000 arbres, la formation de 20 000 exploitants agricoles à la consommation des Produits forestiers non ligneux (PFNL), la création de jardins nutritifs et de parcs à PFNL. PROADAPT porte les ambitions de l’AGRA et de Tree Aid de renforcer et d’élargir l’accès aux marchés de produits PFNL au profit de 40 000 femmes et jeunes ruraux par la promotion des PFNL. Pour ce faire, le Projet œuvre à la création de 250 entreprises villageoises et à l’accès au marché de 500 petits exploitants de 50 entreprises villageoises.
Pour le quinquennat 2023-2027, AGRA ambitionne d’assurer la sécurité alimentaire dans un secteur agricole résilient au Burkina Faso. Son Plan stratégique couvrant cette période vise notamment l’augmentation de la productivité des petits exploitants agricoles et l’amélioration de la capacité des systèmes agricoles à répondre aux chocs et aux stress.
Le développement de l’agriculture durable est une composante phare de cette nouvelle stratégie. Les actions en la matière sont consacrées à la promotion de solutions agricoles régénératrices fondées sur l’intégration d’espèces d’arbres, l’amélioration des conditions du sol et le développement de l’utilisation du compost à grande échelle.
En route pour la 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), prévue du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Emirats Arabes-Unis, l’AGRA poursuivra ses efforts de lutte contre le changement climatique en vue de la transformation des systèmes alimentaires, dans le droit fil de l’engagement de sa présidente, Dr Agnès KALIBATA, par ailleurs membre du Comité de cette rencontre mondiale de haut niveau sur le climat.
Roger SANKARA
